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Le pétrole en Afrique de l’Ouest francophone, or noir ou « déchet du diable » ?

Le Niger, le Sénégal et la Mauritanie sont sur le point de se rapprocher des pays exportateurs d'hydrocarbures. Mais derrière l'aubaine, les risques sont grands.

Tribune signée conjointement par Ousmane Kane, ancien ministre mauritanien des Finances, et Amaury de Féligonde, associé d’Okan, société de conseil en stratégie et en finance dédiée à l’Afrique.

Des découvertes d’hydrocarbures notables ont eu lieu ces dernières années en Afrique de l’Ouest francophone. Le mégagisement gazéifère de Tortue, que se partagent le Sénégal et la Mauritanie, devrait produire à partir de 2021 et pourrait faire entrer le Sénégal dans le top 10 des producteurs africains. Le Niger, soutenu par ses partenaires chinois, s’apprête à lancer un oléoduc débouchant au Bénin pour exporter son pétrole à l’international.

Sur un continent où la « manne pétrolière » a plus souvent été une malédiction qu’une source de développement durable, ces découvertes sont-elles une bonne nouvelle ?

Voici quelques pistes pour que ces hydrocarbures soient un « or noir », capable de financer le développement social et économique de ces pays, et non ce « déchet du diable » (selon le mot de Juan Pablo Pérez Alfonzo, cofondateur de l’Opep), facteur de corruption, de problèmes environnementaux et de dissensions sociales.

Former du personnel localement

Puisqu’ »il n’est de richesse que d’hommes », l’investissement premier des États doit porter sur la formation des employés et des cadres, notamment ceux de l’industrie extractive. Sans budget, pas de « contenu local », puisque le recours aux ressources nationales ne se décrète pas : ouvriers, pour forer et construire des ouvrages techniques, contremaîtres, pour diriger des équipes, ingénieurs, financiers.

C’est dans cet esprit que l’Institut national du pétrole et du gaz a été lancé au Sénégal, un premier pas dans la bonne direction. Par ailleurs, il faut que les États facilitent le développement du tissu de PME locales et renforcent les compagnies nationales afin que les majors internationales opérant sur les gisements puissent, au fil des années, transmettre leur savoir-faire.

Il a ainsi fallu près d’un demi-siècle pour que Saudi Aramco prenne le contrôle de ses ressources nationales, avec un certain succès. Il faut également réfléchir à « l’après-pétrole », cette ressource étant par nature non renouvelable. Il faut que les États se fassent accompagner pour mettre en place un code pétrolier avantageux et permettant d’en maximiser la rente. Rente qu’il convient, aussi, de gérer efficacement.

Trois écueils guettent.

D’une part, dépenser sans se préoccuper de l’avenir ni des vrais besoins (financement d’ »éléphants blancs »). D’autre part, prétendre à tout prix créer des « fonds pour les générations futures » non viables (comme celui que la Banque mondiale avait « imposé » au Tchad) dans un contexte où « le futur est déjà là », la majorité de la population ayant moins de 20 ans.

Enfin, tolérer des pratiques de corruption déstabilisatrices pour l’ensemble de la nation, à l’image des scandales liés à Petrobras au Brésil.

Réinvestir dans d’autres secteurs

Le « mal hollandais », porteur de déséquilibres macroéconomiques et de stérilisation du tissu productif, est un autre défi. L’exemple nigérian est parlant : producteur agricole majeur en Afrique dans les années 1960, devenu un gros importateur de denrées alimentaires, faute de produire localement. Il semble que ce danger soit – au moins à court terme – écarté.

Le Sénégal et la Mauritanie possèdent des réserves modestes par rapport aux mastodontes que sont le Nigeria, l’Algérie et l’Angola. Chacun tirerait de Tortue, à terme, 1 milliard de dollars de revenus : un apport notable et bienvenu, mais pas une révolution.

Il n’en reste pas moins que les États doivent prévoir l’après-pétrole en réinvestissant une partie de la « manne » dans les secteurs porteurs (pêche, agriculture, tourisme).

Enfin, les autorités et les opérateurs pétroliers doivent mettre en place une politique de préservation de l’environnement robuste afin d’éviter des accidents potentiellement catastrophiques (tel celui de Deepwater Horizon dans le golfe du Mexique), dans un contexte africain fragile (insurrections et piraterie dans un delta du Niger pollué par l’exploitation pétrolière, au sud du Nigeria).

Ces récentes découvertes ont suscité un grand espoir de vie meilleure au sein des populations.

Une responsabilité immense pèse sur les dirigeants de ces pays : ils devront faire preuve d’habileté pour négocier avec les majors, d’une éthique irréprochable, et d’une vision stratégique claire.

Le Sénégal, la Mauritanie et le Niger sauront-ils surmonter la « malédiction des matières premières », à l’image des modèles du Botswana, du Chili ou de la Norvège ?

L’avenir le dira.

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